Louis Gallait
Après des études à l'Athénée royal de Tournai, il se place comme clerc chez un avocat-avoué.
Le soir, il suit à l'Académie de dessin de sa ville natale les cours de Philippe-Auguste Hennequin.
En 1832, il obtient son premier succès avec sa peinture Le Denier de César qui lui vaut le prix d'Histoire au concours organisé par la Société des beaux-arts et de littérature
de la ville de Gand.
Malgré le refus du bourgmestre José
de Hulste de lui assurer la continuation d'un subside de 300 francs que la ville de Tournai lui accordait, Gallait se rend néanmoins à Anvers, muni de maigres ressources,
pour compléter sa formation sous la direction de Mathieu-Ignace Van Brée.
Son Christ guérissant les aveugles, exposé à Bruxelles en 1833 le fait connaître du grand public et est aussitôt acheté pour la cathédrale
de Tournai par souscription publique.
Cette vente lui permet d'aller à Paris étudier au musée du Louvre des maîtres comme Rubens, Ribera ou Murillo. Il y suit également les leçons de Paul Delaroche et y trouve dès lors la voie qu'il n'allait pas cesser de suivre.
À côté
des deux écoles classique et romantique, représentées alors en Belgique par François-Joseph Navez et Gustave Wappers, suivis chacun d'une lignée d'artistes distingués, Gallait crée une école de peinture historique, qui s'attache surtout à la vérité
de la couleur locale et à l'intérêt dramatique des scènes. Plusieurs artistes se forment à ses côtés à Bruxelles, dont Frédérique
O'Connell1.
À Paris, il expose au salon de 1835 son tableau Le
Serment de Vargas qui lui ouvre le carnet de commandes pour le musée historique de Versailles auquel
le roi Louis-Philippe consacre alors une part importante des ressources de sa liste civile. C'est pour cette collection qu'il peint notamment le Portrait
du duc de Biron (Versailles), de même que Job sur son fumier, entouré de ses trois amis et de sa femme (Palais des beaux-arts de Lille).
Dans le même temps, il envoie deux toiles à l'Exposition
triennale de Bruxelles : le Repentir et Montaigne visitant Tasse à Ferrare.
En 1841, la réputation de Gallait devient européenne grâce
à L'Abdication de Charles-Quint (musée des beaux-arts de Tournai). Commencée
en 1838, cette vaste composition de cinq mètres sur sept a nécessité trois années de labeur assidu en recherches documentaires et iconographiques. Cette peinture est une commande du gouvernement belge2. Exposée dans de nombreuses capitales d'Europe, cette œuvre remporte un succès considérable, attirant sur son auteur une pluie de distinctions honorifiques
dont la Légion d'honneur. Tournai fête triomphalement ce succès lors d'un banquet organisé en l'honneur
du peintre le dimanche 29 août 1841 à l'Hôtel de Ville.
L'artiste
épouse le 19 mars 1844, Hippolyte-Simone Picke et le couple s'installe à Schaerbeek. Sa féconde activité de portraitiste et de tableaux historiques
le met à la tête d'une fortune considérable.
Louis Gallait atteint l'apogée de sa gloire avec son tableau Derniers honneurs rendus aux comtes d'Egmont et de Hornes, célèbre sous le titre Les Têtes coupées,
véritable page d'histoire qui restera comme la flétrissure d'un crime d'État (1851, musée des beaux-arts de Tournai).
De 1872 à 1877, Gallait peint les quinze portraits
historiques qui ornent l'enceinte de l'hémicycle du sénat belge2.
Enfin, Gallait termine en 1882 La Peste à Tournai en 1092 (musée des beaux-arts de Tournai). Ce tableau de près de cinq mètres sur huit, auquel il travaillait déjà
en 1853, est une œuvre de jeunesse née, comme il le dit lui-même, de son vif attachement pour sa ville natale.
Il pratique également la gravure pour produire des vues de Tournai
(réalisées vers 1830), d'Allemagne, d'Autriche et de France.
Il peint aussi des aquarelles, avec rehauts de gouache blanche, à l'île de Wight en 1862 et 1866.
La notoriété de Gallait lui vaut de nombreuses nominations dans les sociétés savantes. Il est membre de l'Académie impériale des beaux-arts à Vienne et
à Berlin, ainsi que directeur puis président de l'Académie
royale de Belgique.
En octobre 1862, il refuse le titre nobiliaire de baron que lui offre le roi Léopold Ier.
À sa mort, Tournai lui fait des funérailles grandioses et, en 1891, Guillaume
Charlier érige un monument en son honneur dans le parc communal de Tournai.
Tournai et Schaerbeek ont
donné son nom à une rue.
- 1841 : L'Abdication
de Charles Quint en faveur de son fils Philippe II à Bruxelles le 25 octobre 1555, Bruxelles, musées royaux des beaux-arts de Belgique ;
- 1848 : La Famille du pêcheur, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage ;
- 1851 : Derniers
honneurs rendus aux comtes d'Egmont et de Hornes, huile sur toile, 233 × 328 cm, au musée
des beaux-arts de Tournai. Copie de format réduit à New York au Brooklyn
Museum. Copie à l'hôtel de ville de Zottegem. Présenté au Salon de Bruxelles en 1851, le tableau représente un événement historique,
lié à l'occupation espagnole des Pays-Bas. La scène représente l'hommage rendu par les arbalétriers de Bruxelles au comte
de Hornes (la faute d'orthographe Horn dans le titre est d'origine) et au comte d'Egmont, décapités la veille.
Les Espagnols sont représentés sur le tableau, au centre, par un militaire et un espion du duc d'Albe3.
- vers 1856 : Jeanne
la Folle, Bruxelles, musées royaux des beaux-arts de Belgique ;
- 1857 : François Ier au chevet de Léonard de Vinci, huile sur bois, musée des beaux-arts de Liège ;
- 1872-1877: les quinze portraits historiques qui décorent
le pourtour de l'hémicycle du sénat belge2 ;
- Portrait de Charles-Quint,
(portant le collier de la Toison d'Or) dans le Salon royal du Cercle Gaulois.
Mis en page le 3 juillet
2022